LA LUMIÈRE AU THÉÂTRE

Écrit et illustré par Charlotte Ducloux

Le thème du noir et du blanc me fait tout de suite penser au théâtre et à son utilisation de la lumière, notamment le théâtre d’ombres. Je voulais donc aborder ce thème, et comme c’est un peu ma spécialité, ça tombe bien.

Évolution de l’éclairage scénique dans le théâtre, évolutions technologiques :

Il faut savoir déjà que la façon d’éclairer le théâtre a évolué au fil du temps, comme partout ailleurs me direz-vous, au fur et à mesure que de nouvelles inventions technologiques sont apparues.

Jusqu’au XVIIIe siècle, les salles de théâtre étaient éclairées à la bougie : de grands chandeliers étaient suspendus au-dessus du public se trouvant au parterre. Il faut savoir aussi qu’à cette époque, le public du parterre n’était pas le plus aisé, au contraire. C’étaient des hommes de classes basses, ils restaient debout durant la représentation et gardaient généralement leurs chapeaux pour éviter d’être victimes de la cire des bougies qui coulait au-dessus de leur tête. Cet éclairage représentait d’autres inconvénients : risque d’incendies, fumée, odeur, et temps de jeu, car lorsque les bougies étaient consumées, il fallait évacuer la salle pour les changer. Je précise également que la salle restait éclairée le temps du jeu.

C’est au XVIIIe qu’arrive enfin l’éclairage au gaz. Grâce à lui, on peut éteindre la lumière le temps de la représentation, ce qui permet d’instaurer plus de silence dans le public, car un public dans le noir est plus silencieux. Il permet aussi d’installer plus d’intimité entre la scène et la salle. Le public mis dans le noir est éteint au profit de ce qui se joue sur la scène. L’éclairage au gaz permet aussi de faire varier la lumière, c’est le début d’un nouvel atout scénographique.

Technique / régie lumière

Les évolutions techniques apportées à la lumière permettent aux metteurs en scène d’innover en matière de scénographie (c’est la façon dont sont décidés les décors, leur enchaînement, et les aspects techniques comme le son et la lumière). Ainsi, au cours du XIXe siècle, beaucoup font de la lumière un élément primordial de leurs spectacles. Parmi quelques noms connus du milieu, nous pouvons citer Copeau, qui fait passer la lumière au détriment d’un décor de théâtre lourd de décorations ; Artaud, qui fait de la lumière une présence à part entière dans ses spectacles, lui accordant, ainsi qu’au son, une grande importance quant aux sentiments qu’il veut faire ressentir chez le spectateur. De son côté Vilar dû adapter la lumière aux grandes scènes du Festival d’Avignon, de sorte que les comédiens puissent être visibles par les spectateurs malgré la distance. Enfin, Ariane Mnouchkine a intégré notre source principale de Lumière dans le nom de sa troupe, Le Théâtre du Soleil, quoi de mieux pour rayonner à l’international ?

Mais parlons plutôt de l’aspect technique de la lumière pour que cela soit plus concret pour vous. Aujourd’hui, les technologies que nous possédons en termes de lumière permettent une multitude de choix. Celui qui s’occupe de la gestion de la lumière au théâtre est le régisseur. Cela peut être un régisseur réservé à la lumière (régisseur lumière donc, il peut y en avoir aussi pour le son) ou un régisseur général qui s’occupe de tout et donc de la lumière, cela dépend du lieu.

La lumière de la scène est diffusée par des projecteurs, on les retrouve un peu partout autour du plateau : à cour (à droite, lorsqu’on est face à la scène), à jardin (à gauche, quand on est face à la scène), en avant-scène, en arrière- scène, et au-dessus de la scène. Leur répartition change en fonction des besoins d’éclairage de la mise en scène. Leur hauteur et inclinaison peuvent varier.

On compte 4 propriétés principales pour la lumière, définies à partir de la lumière du jour : l’intensité, la direction, la teinte, et la répartition. Ces 4 propriétés permettent à chaque fois de définir comment on va créer notre lumière, mais aussi son effet sur le public. Il ne faut pas oublier que la lumière est très importante dans le ressenti que l’on veut faire porter au public. Par exemple, une lumière froide (bleutée) rendra plutôt une émotion de tristesse, tandis qu’une lumière chaude (orangée) apportera un sentiment de joie. La répartition de la lumière est aussi importante, elle permet de décider l’espace scénique que l’on éclaire et ainsi faire en sorte d’isoler une personne sur scène. On peut choisir d’éclairer toute la scène puis n’éclairer qu’une personne. Dans ce cas-là, on peut par exemple faire une douche, un éclairage qui vient d’un projecteur situé juste au-dessus de la personne et qui pointe vers le bas (elle/lui) en ouverture serrée (c’est-à-dire qu’il n’éclaire que lui/elle, une ouverture large éclaire dans un rayon plus grand).

Théâtre d’ombres

Je ne pouvais pas parler de lumière sans parler d’ombre, surtout sous le thème du noir et du blanc.

Le théâtre d’ombres est une forme de spectacle dont la lumière est le principal atout. Il demande peu d’installation scénique en soi : un panneau doté d’un cadre solide (généralement en bois, parce que c’est modelable et pas trop lourd) avec un tissu (noir ou blanc, mais uni) tiré dessus. La toile doit être tendue. Selon le spectacle, une personne, une marionnette ou une figurine se tient derrière le panneau, et encore derrière elle se trouve un projecteur sur pied à hauteur des yeux, et en fond de scène (ce qu’on appelle un aveuglant contre). Cette disposition permet à ce que l’ombre soit projetée sur le panneau. Plus l’objet ou la personne ombrée se rapproche du projecteur, plus son ombre sur le panneau grossira (proportionnellement) et deviendra floue. Et plus il.elle se rapprochera du panneau, plus son ombre sera nette et correspondra à sa taille réelle.

En bref, la lumière de la scène est créée un peu comme on crée une peinture : avec plein de possibilités différentes. C’est aujourd’hui quelque chose que l’on retrouve tout le temps, mais dont on n’imagine pas le travail qu’il y a eu en amont, et les évolutions technologiques qui ont permis un tel résultat. On peut bien entendu trouver du théâtre sans lumière ni son, le théâtre de rue notamment, où la lumière du Soleil suffit, mais en salle la lumière est toujours présente.

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