par Green
Aujourd’hui, la Liberté est morte.
La notice fait le tour des émissions télévisées, des journaux. Cependant, il semble que personne ne se rende compte de la situation. La journée est froide et ensoleillée, le monde continue à tourner sans jamais s’arrêter, et ses habitants reprennent lentement leurs activités, mais je sens dans l’air qu’il y a quelque chose qui ne va pas.
Pendant ce temps, les derniers morceaux de cette liberté qui fut, sont entassés au bord des rues de Téhéran, tandis que quelques fragments restent coincés au fond des urnes électorales, entre les bulletins non encore ouverts et les espoirs silencieux de millions de personnes.
Les cris des femmes maltraitées et tuées par la police au nom de la religion se mêlent à ceux de fête de ceux qui croient à ce qu’ils entendent, mais pas à ce qu’ils voient. Le soleil brille, mais c’est un jour gris, un jour de deuil. Malgré cela, on ne voit pas de larmes.
Tout à coup, le monde se colore : dans le ciel, monte la fumée des feux où brûlent les hijabs tandis que les places et les lycées se remplissent des drapeaux et des chants des étudiants qui manifestent pour leurs droits.
Quelqu’un commence à se rendre compte de ce qui s’est passé et étonnamment, ce sont ceux qui sont souvent marginalisés, sous-estimés, opprimés. Ils comprennent ce que Madame Liberté a dû ressentir quand ils l’ont piétinée, déchirée et tuée.
Très souvent, ils se sont eux-mêmes retrouvés piétinés, acculés, non écoutés. Combien de fois ils se sont retrouvés par terre, sans espérance et sans force, seuls avec leurs pensées.
Maintenant, ces pensées se rejoignent et dansent ensemble dans un chant qui de l’Iran à l’Italie, en passant par l’Afrique, résonne en disant « What about us ?« .
Ce sont donc précisément ceux que personne n’attendait ou ne voulait écouter, ceux qui ont moins de moyens et surtout plus à perdre à se montrer, à lutter, en criant au monde qu’ils n’ont pas peur et qu’ils ne laisseront pas que le meurtre de la liberté soit oublié sans que justice soit faite.
Aujourd’hui, la liberté est morte, mais elle a laissé derrière elle une trace faite de ceux qui n’ont pas cessé de croire en elle et qui sont les seuls qui la ramèneraient à la vie.
Madame Espoir et monsieur Courage sont aux côtés de ces personnes dans ces funérailles, plus vivant que jamais.
C’est un jour gris, mais contrairement à ce qu’on peut penser, l’histoire ne se termine pas comme ça. Avant, il y avait seulement de l’obscurité, maintenant la lumière est à nouveau en train de vaincre.
Votre commentaire