Par Flora
Célébrer la mort
La vision de la vie, de la mort et les manières de rendre hommage aux disparus varient selon les cultures. Cependant, malgré la douleur causée par le deuil, la mort au Mexique est interprétée comme une étape de la vie, dont il est nécessaire de se réjouir. “Après tout, la mort n’est qu’un symptôme de la vie” mentionnait l’écrivain Mario Benedetti. Le témoignage le plus symbolique de cette vision mexicaine est le “Día de los muertos” (“Jour des morts”), qui célèbre les défunts sur deux jours ; les enfants lors du premier novembre, puis les adultes le jour suivant. Il s’agit d’une tradition familiale qui tire ses origines des civilisations aztèques et qui a pour but d’honorer les disparus, notamment au travers d’offrandes, permettant ainsi aux morts de prendre le chemin du pays des vivants. Ainsi, bien que les dates concordent, au Mexique il n’est ni question de fête de la Toussaint, ni encore du célèbre Halloween. Le novembre mexicain est davantage synonyme de commémoration festive, entre coutumes aztèques ancestrales et croyances catholiques associées aux couleurs vives des fleurs et des célèbres et colorés costumes de la Catrina.
La Catrina célèbre la mort, De la légende à la satire sociale.
La Catrina, également connue sous le nom de “La Calaca”, est la figure emblématique du Jour des morts au Mexique. Elle est souvent représentée sous la forme d’un squelette féminin, vêtu d’un chapeau et de riches habits colorés. Cependant, elle est plus qu’un déguisement que certain.e.s pourraient porter naïvement le soir d’Halloween en ignorant toute la culture qu’elle abrite ; beaucoup de personnes attribuent l’origine de la Catrina à la légende aztèque de la déesse Mictecacihuatl, reine du Mictlan chargée de garder les os des défunts (le Mictlan est la dernière étape du monde souterrain où se rendent les morts).
Selon la version la plus récente, la naissance de la Catrina date du XIXème siècle, lorsque le Mexique est toujours une colonie espagnole, et est provoquée par la classe sociale supérieure mexicaine qui rejette ses propres origines. À cette époque, la situation économique et sociale du pays est critique, entraînant l’aspiration à un mode de vie européen pour les Mexicains les plus aisés, et l’agacement de la classe moyenne, menant à une vague d’ouvrages dénonciateurs. Parmi les représentants de la colère populaire, l’illustrateur José Guadalupe Posada publie un buste de femme squelettique, richement vêtue et signifiant que peu importe l’argent que nous possédons, d’où nous venons ou encore de qui nous nous entourons, nous mourrons quand même et finirons en crâne. L’artiste la surnomme la “Calavera Garbancera”, “garbancera” étant le nom attribué aux personnes qui parvenaient à avoir un peu de statut social et qui, par conséquent, reniaient leurs racines pour se comporter comme les Européens.
Qui est La Catrina ?
Entre 1947 et 1948, le muraliste Diego Rivera inclut la “Calavera Garbancera dans sa fresque intitulée “Sueño de una tarde dominical en la Alameda Central” (“Rêve d’un dimanche après-midi dans l’Alameda Centrale”). Il la représente en entier, portant un grand chapeau, une écharpe à plume et une robe sortant du lot, rendant ainsi hommage à l’illustrateur José Guadalupe Rosada.
Au Mexique, le terme “catrín” était utilisé pour définir un homme déguisé, c’est pourquoi Diego Rivera surnomma la femme squelettique “ La Catrina ”. Cette fresque a fait le tour du monde et a popularisé la Catrina, dont l’évolution a été telle qu’elle est devenue le symbole de mort le plus important pour les Mexicains. En effet, les autels des défunts lors des 1er et 2 novembre sont remplis de figurines de la Catrina, dont la couleur des habits peut changer selon l’État dans lequel nous nous trouvons, car chacun a adopté cette tradition et se l’est appropriée pour représenter différentes caractéristiques.
Ainsi, les fleurs et les couleurs éclatantes font partie de la Catrina, qui, bien qu’étant principalement un symbole de mort, permet au Mexique de prendre vie et d’entretenir ses flamboyantes traditions.
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