L’humanité culturicide

par Flora Leroy

Il est un monde où la culture n’existe plus. Les connaissances, les habitudes, les lettres, les traditions, les religions, la diversité dans son ensemble ne sont plus. L’ensemble lui-même, la culture de l’humanité, est en voie de disparition.

Il est un monde où la culture n’existe plus. Nous vivons grâce à la main d’œuvre et sa production à outrance, mais surtout nous ignorons de gré ces régions que l’on ne veut pas voir. Cependant, tandis que l’on vit grâce à ces productions de masse et de force, des populations n’ont pas le privilège de vivre, mais sont plutôt résignées à survivre à cause d’elles. Cette évolution sera qualifiée par certain.e.s de progrès, par d’autres de régression.

Mais qu’en est-il de celles et ceux qui survivent ? De celles et ceux qui sont à l’origine de ces progrès, de notre futur, mais qu’on ne questionne jamais ?

Il existe un monde où la culture est portée disparue depuis trop longtemps. Un monde divisé entre ceux qui produisent et ceux qui consomment. Un monde où nous avons enlevé la culture, nous l’avons arrachée des mains de leurs parents afin de se la réapproprier à des kilomètres de son berceau et de l’employer pour retarder notre propre fin.

Il y a un monde où certain.e.s réparent les erreurs et la négligence des bons vivants, alors qu’iels en sont continuellement victimes. Dans ce monde, nous sacrifions des mains, des mains parfois trop petites pour le poids que ces travaux leur imposent, sous prétexte d’agir pour l’humanité et sa préservation. Cela voudrait-il dire qu’il existerait des bons et des mauvais vivants ? Des vivants méritant moins d’attention en tant qu’humain, mais plutôt en tant qu’outil ? Car dans ce monde, ce sont toujours les mêmes qui fabriquent des solutions que l’on n’imaginera pas pour leur continent, car iels sont né.e.s à l’endroit où l’on n’ose jamais regarder, à l’endroit que l’on exploite sans cesse, mais où l’on n’ose jamais chercher de remède aux maux qu’on lui cause.

L’humanité est un ensemble de cultures. La culture est un équilibre, un partage. Mais alors qu’en est-il lorsque l’humanité perd pied, car la culture de certain.e.s leur est enlevée au profit d’une autre ? Qu’en est-il lorsque le droit de vivre vaut plus dans certains hémisphères que dans d’autres ? L’humanité est un ensemble. Sans unité, elle disparaît. Alors, cherchons-nous à préserver la culture humaine, l’ensemble qu’est l’humanité, ou à préserver un seul hémisphère ?

Il est un monde dans lequel l’humanité est en carence de cultures. Nous en faisons déjà le deuil sans même avoir essayé de la soigner.