par Joséphine Lloret
« Méliès était la joie de vivre, la malice au coin des yeux, une pirouette qui efface ce qui peut faire mal » – Madeleine Malthête-Méliès, petite-fille de Georges Méliès
Il y a 162 ans naissait le premier homme qui marcha sur la lune, du moins au cinéma. Georges Méliès est le fils d’un fabricant de chaussures. Artiste né, il fut l’élève du peintre Gustave Moreau avant de devenir prestidigitateur. Fasciné par la magie et l’illusion, c’est en 1895 qu’il découvre le travail des Frères Lumière. Il tombe amoureux des images photographiques animées, et tourne son premier film l’année suivante.
À la différence des autres cinéastes de l’époque qui filmaient des scènes de la vie quotidienne, Méliès se dirige vers le cinéma de fiction. Un incident de prise de vue où la manivelle de sa caméra se bloque pendant une minute l’amène sur le chemin du « trucage ». Il invente le principe « d’arrêt sur caméra », ce qui lui permet d’exploiter ses talents d’illusionniste dans son cinéma.
Méliès crée le tout premier studio de cinéma en France à Montreuil en 1897, dans lequel il tourne plus de 500 films. Parmi eux, Voyage dans la lune, réalisé en 1902. Inspiré des romans de Jules Vernes et de H.G. Wells, il s’agit du premier film de science-fiction projeté au cinéma. Exceptionnellement long pour l’époque (15 minutes), il met en scène un groupe d’astronomes qui embarquent dans une fusée pour la lune, où ils découvrent des autochtones peu accueillants. Le film est un succès, et traverse l’Atlantique jusqu’aux Etats-Unis où il fait fureur.
Durant une décennie, le cinéma de Georges Méliès fait rêver le monde. À la fois oniriques, fantastiques et pleins d’humour, ses court-métrages séduisent le public. Toujours avide de nouveaux procédés techniques et trucages, Méliès ne cesse d’innover : gros plan, fondu enchaîné, ralenti… Il crée également tous les métiers devenus aujourd’hui indispensables au monde du cinéma.
Bien que fulgurant, son succès est de courte durée. L’année 1912 marque le début de la chute, avec Le Voyage de la famille Bourrichon qui sera son dernier film. Son travail est largement piraté par de grandes sociétés de production américaines, et avec l’arrivée de Pathé sur la scène du cinéma français, Méliès ne fait pas le poids. La guerre éclate, et le monde n’a plus la tête à la magie et à la poésie. Poursuivi par des créanciers, Méliès se retrouve obligé de vendre son studio de cinéma. La mort dans l’âme, il brûle ses pellicules, détruisant ainsi l’œuvre de sa vie.
En 1926, alors qu’il s’est reconverti comme vendeur de jouets dans une boutique de la gare Montparnasse, il est repéré par le directeur de la revue Ciné-Journal, Léon Druhot. Celui-ci sort Méliès de l’oubli, le remettant sur le devant de la scène. Il est reconnu comme étant l’inventeur du septième art, et ses films sont ressortis des greniers pour être projetés lors d’un gala organisé en son honneur.
Parrainé par Louis Lumière, Georges Méliès reçoit la Légion d’Honneur le 22 octobre 1931. Il passe les six dernières années de sa vie au Château d’Orly, où il accueille journalistes, réalisateurs et admirateurs. Il s’éteint le 21 janvier 1938, laissant derrière lui toute une nouvelle génération d’artistes qui continuera d’émerveiller le monde à travers le cinéma.
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