par Green
La révolution et le désir de changement sont toujours présents, à chaque période historique où l’homme a vécu. Il s’agit souvent d’une envie de renouveau ou de protestation contre un système dont on ne se sent pas représenté : dans tous les cas, l’homme cherche toujours des moyens différents et innovants pour évoluer, changer et vivre mieux ou différemment.
Dans le cas du Solar Punk, la révolution a pour protagoniste la durabilité de la planète : l’avenir est imaginé sous un angle positif, comme une période de progrès où les énergies renouvelables, le recyclage et la réutilisation des matières et des objets sont essentiels.
Mais ce concept de révolution, relativement moderne, qu’a-t-il en commun avec les révolutions passées, par exemple racontées dans les textes des grands auteurs-compositeurs ?
Francesco Guccini, Lucio Dalla, Francesco de Gregori, Fabrizio De André : tous ces noms, que peu de gens connaîtront probablement en France, sont des noms d’importants compositeurs italiens qui, avec leurs chansons, ont raconté les luttes, les révoltes et les espoirs de générations passées.
Aujourd’hui, j’ai décidé de me concentrer en particulier sur Guccini, qui est aussi l’un de mes auteurs-compositeurs préférés, et parmi toutes ses chansons (que je recommande d’écouter si vous connaissez un peu l’italien) j’ai choisi d’en évoquer une qui s’appelle « La Locomotiva ».
Dans cette chanson très célèbre, Guccini raconte l’histoire et le conflit entre deux “puissances” : d’une part celle du prolétariat, représenté par un machiniste et d’autre par celle du train à vapeur, une machine nouvellement inventée au début d’un siècle où “on commençait la guerre sainte des mendiants” et le train “semblait lui aussi être un mythe du progrès, lancé sur les continents.”
Cette machine, symbole de luxe et de pouvoir, devient le moyen par lequel le mécanicien décide de venger les abus subis par sa classe. En effet, à la même époque, le prolétariat commence lui aussi à émerger avec l’idée que « Les hommes sont tous égaux ». Guccini nous raconte que “contre les rois et les tyrans ont éclaté dans la rue la bombe prolétarienne et allumée l’air le flambeau de l’anarchie”.
La locomotive devient ainsi le symbole de la révolte et le triomphe de la justice prolétarienne : “un jour comme les autres, mais peut-être avec plus de colère dans le corps” le conducteur du train pense qu’il avait un moyen de se venger des torts subis par son peuple.
Ainsi, il décide d’utiliser son train à vapeur comme une “bombe” et de la lancer contre l’injustice, représentée par un train de luxe qu’il voyait passer chaque jour par sa gare, où “Il voyait des gens vénérés” et “ses velours et ses ors”, pendant qu’il pensait “aux jours maigres de son peuple”.
Comme le dit la chanson, le sifflement du train qui se répand dans l’air semble dire aux paysans : « Frère ne crains pas, je cours à mon devoir ! La justice prolétarienne triomphe !”
Ce geste, considéré par beaucoup comme extrême, est considéré par le conducteur comme le seul moyen possible de changer sa situation et celle de sa classe et de lancer un signe clair au monde.
Cela résonne avec le mouvement Solar Punk, car ici aussi, les énergies renouvelables deviennent le symbole d’une révolution qui implique des gestes hors norme pour certaines personnes. Privilégier la seconde main, les machines électriques, les produits biologiques et avoir une plus grande attention à l’environnement sont parfois vus comme des limitations qui obligent à renoncer à certains conforts de la vie moderne pour le bien de la planète.
Mais ceux qui soutiennent ce mouvement voient ces changements avec espoir, car ils sont convaincus qu’il peut exister un avenir dans lequel il est possible de vivre en utilisant uniquement des énergies renouvelables, les ressources et les matières de manière équitable et durable.
C’est la même espérance qu’a le machiniste décrit par Guccini, qui décide d’aller jusqu’à sacrifier sa propre vie, car il est convaincu qu’il peut exister un avenir dans lequel la classe prolétarienne est au pouvoir et n’est plus exploitée et maltraitée.
Avec des manières et des conséquences différentes dans la nature et l’impact, les deux mouvements acceptent de faire des sacrifices pour avoir le meilleur avenir auquel ils croient et pour lequel ils se battent. Avenir dans lequel on ne considère pas seulement les intérêts des classes riches et dominantes, mais également les risques et les besoins des plus fragiles, dans l’un les ouvriers et dans l’autre notre planète Terre.
Malgré tout, peu importe la forme, dans le monde il y a toujours un besoin de révolution comme il y a besoin d’amour, parce que l’homme sans amour et sans rêve meurt.
D’habitude, je ne termine jamais mes articles de cette façon, mais aujourd’hui je tiens à faire une note personnelle et peut-être hors contexte (un peu comme moi) : vous, qui lisez, aimez -vous et battez-vous pour vos idées, pour un monde où chacun a sa place et une vie au moins digne.
Et comme le dit Guccini à la fin de son histoire:
Et qu’un jour la nouvelle
nous parvienne encore
D’une locomotive, comme une chose vivante,
Lancé à bombe contre l’injustice.
Green
Votre commentaire